Quel est ton parcours ?
Je suis diplômée en droits français et allemand des affaires (Master 2 Université de Düsseldorf) mais également en management et gestion (MBA Paris II Panthéon-Assas).
Comment as-tu découvert le monde du lobbying ?
Je souhaitais quitter le milieu des affaires pour me consacrer à des causes relevant plus de l’intérêt général. Contre toute attente, c’est lors de cette quête que j’ai découvert le monde du lobbying. Comme beaucoup, je connaissais mal ce milieu et la presse me laissait entendre qu’il regorgeait de gens peu fréquentables.
Je profite donc de vos questions pour essayer de projeter un peu de lumière sur l’obscur métier de lobbyiste. Faire du lobbying consiste à engager des actions d’influence et de pression afin de défendre un intérêt donné. Les interlocuteurs des lobbyistes sont pour la grande majorité des décideurs politiques voire, en qui concerne l’Union européenne, des fonctionnaires de haut niveau. Quel que soit l’intérêt défendu ou la cause, l’objectif du lobbyiste est de faire infléchir/créer/supprimer une norme.
Il faut noter qu’il existe une différence importante entre les lobbys institutionnels qui défendent des causes relevant de l’intérêt général et les lobbys économiques qui, quant à eux, poursuivent des intérêts d’ordre privé. Les lobbys économiques sont généralement des entreprises multinationales alors que les lobbys institutionnels reposent sur des structures telles que des organisations non gouvernementales ou associations.
En ce qui me concerne, je travaille dans un lobby de type institutionnel. L’intérêt que je poursuis est celui de la protection des économies des régions ultrapériphériques européennes, c’est-à-dire les Canaries, la Guyane, les Açores, Madère, la Martinique, La Réunion, Saint Martin, Mayotte et la Guadeloupe. Ces régions se distinguent du reste de l’Europe de par des caractéristiques et contraintes particulières que sont notamment l’éloignement, l’insularité, le climat, la faible superficie et la dépendance économique vis-à-vis d’un nombre limité de produits. Les spécificités de ces territoires ont été prises en compte par les traités européens, ce qui permet à l’Union d’adapter à leurs cas les normes et politiques communautaires.
Quotidiennement, quelles sont tes missions ?
Notre mission est unique, nous défendons les intérêts économiques des régions ultrapériphériques. Pour ce faire, nous développons et mettons en place des stratégies de communication d’influence et délivrons des expertises sur les questions économiques de ces territoires.
Quelles qualités te semblent nécessaires pour occuper cette position ?
Je pense qu‘il faut être polyvalent, sociable et communicant. Il est également nécessaire d’être rigoureux et organisé dans son travail sans toutefois être rigide.
C’est un métier stressant sans véritable statut ; ce n’est qu’avec une réelle passion que l’on peut l’exercer et réussir.
Laura Deruaz