Un stage de rêve ! C’est maintenant l’objectif de chaque étudiant en Droit, comme en école de commerce !
Le projet de réforme du cadre national des formations vise cet élément de professionnalisation, en Master comme en Licence. On propose même un cahier des charges des stages avec rôle de l’équipe pédagogique garante de l’aide méthodologique
Même les chercheurs devraient bénéficier de cet avantage ignoré de la plupart des actuels Master 2 Recherche[1].
Si la réforme ne va pas jusqu’à pousser au stage ouvrier en première année comme la Grande Ecole du Droit[2] de Paris Sud le recommande, on ne peut qu’encourager ce souhait de professionnalisation indispensable à la formation de l’étudiant(e).
Mais pour que le produit (vous stagiaire) rencontre le marché (les employeurs potentiels) et passe de l’obligation « café, photocopie » à l’expérience inoubliable de formation et d’épanouissement réciproque partageons sept idées iconoclastes !
1. Stage « final » ou période d’essai ?
Pour l’employeur comme pour l’étudiant c’est la possibilité pour chacun de mieux se connaître, de se tester, d’évaluer les trajectoires potentielles…de réaliser une période d’essai.
Mais n’oubliez pas le «retour» vers une organisation rencontrée précédemment à laquelle vous apporterez une expérience et une maturité qui feraient oublier votre « séparation ».
2. Un 4 mois sinon rien ?
Faire accepter une perspective de possible recrutement à terme lointain[3] et prendre le temps de s’occuper des stagiaires nécessite des périodes de stage correspondant à un réel besoin économique de l’employeur sur une période suffisamment longue (afin de permettre aux équipes « d’amortir » leur effort de formation). Il semblerait qu’un minimum de 4 mois devienne un consensus pour les Master pour concurrencer la durée certainement « idéale » de six mois retenue par les écoles du barreau ou les écoles de commerce.
3. Cherche stage en Août à Paris ?
Suivant les spécialités, le positionnement du cabinet ou le secteur d’activité de l’entreprise, la saisonnalité des travaux existe. L’exemple de la fiscalité est certainement le plus significatif même si en dehors du processus déclaratif les fiscalistes souvent en sous- effectif et gérant un large nombre d’entités sont occupés toute l’année par les Administrations et leurs contrôles, les réformes périodiques CICE, FEC ou les chantiers prix de transfert ! Le calendrier universitaire doit être adapté en conséquence pour permettre le placement des stagiaires.
4. Café, copies et plus si affinités ?
Anticipez les tâches potentielles qui pourraient être confieés à un stagiaire pour son apprentissage nécessite d’intégrer le mouvement de délégation vers des pays à bas coûts d’activités qui permettaient de découvrir un métier de manière opérationnelle. Secrétariat juridique, indexation des pièces ou analyse dans des procédures arbitrales ou encore déclaratif fiscal … transférés en destination offshore permettent de combiner expérience à l’étranger et recherche de stage!
Sinon ciblez les organisations qui ont conservé ces travaux.
5. Apprenti : le plus sage ?
De la part des employeurs, avocats notamment, la formule pèse sur la disponibilité des stagiaires, remarque valable aussi pour les conventions CIFRE des doctorants. Et on peut se demander si le rythme de l’entreprise n’est le seul à combiner impératifs employeurs et nécessités pédagogiques ?
Mais à l’idéal les cabinets pourraient aussi se mobiliser: une rentrée anticipée au plus tard début septembre, des maîtres de stage formulant leurs besoins au conseil pédagogique de la formation, la possibilité de travailler avec le stagiaires début novembre quatre jours par semaine, les cours et les examens étant regroupés sur les vacances scolaires complétées par les vendredis et les samedis … les absences des apprentis deviennent alors« discrètes » pour les cabinets !
6. Miroir, mon beau miroir ?
Renforcer confiance en soi et résilience en apprenant de ses échecs alors que notre démarche tend à apprivoiser le doute lié à la satisfaction perçue dans l’utilisation d’un service !
La construction du stagiaire ne peut se réaliser qu’à partir d’une analyse documentée: préférences naturelles, compréhension objective des acquis, maîtrise de l’anglais et de l’informatique, capacité de prise de parole en public…et une sensibilité hors pairs à la perception par les autres de tous ces éléments.
Ce point de départ « simple » évolue en fonction des expériences et des âges : international, excellence dans l’engagement associatif ou sportif, passion, vie sociale, vie personnelle … autant de point de résilience déjà perçus qui permettront de préparer au succès ou de gérer le rebond. Le choix de la prise de risque dans le stage – organisation et/ou mission – doit donc être réaliste par rapport à ces analyses pour progresser en expérience et en questionnement.
7. Et ne dites pas à ma mère que je fais du marketing !
Le marché du droit étant très éclaté le stagiaire doit apprendre à connaitre les employeurs potentiels qui répondraient à ses souhaits d’évolution et matérialiser ses critères «non négociables». Un travail proche de ce qui aurait dû être fait avant d’intégrer un Master 2 ou un LLM avec benchmarks, retour d’expérience, interviews des « clients », visite de courtoisie … rehaussement des objectifs pour les filles, modération pour les garçons … bien au-delà d’un classement SMBG ou d’une réputation : une enquête, une stratégie, un job,du marketing quoi !
Par Stéphane Baller, Associé EY société d’avocats – anciennement Ernst& Young – Marketing Enablement, Sourcing & Employer Brand
[1] Le Master 122 Droit de l’Entreprise à Dauphine intègre dans son projet pédagogique un mémoire de recherche sur la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise qui peut porter sur une sujet « de commande » par une entreprise ou un cabinet démontrant qu’employabilité et recherche sont compatibles
[2] La Grande Ecole du Droit de Paris Sud est un parcours d’excellence qui mène 35 étudiants en quatre ans à un LL.M. , un Master un de droit des affaires et fiscalité et un diplôme universitaire de droit anglo- américain
[3] Un stagiaire de Master 2 au premier semestre 2014 passera son examen d’entrée à l’école du barreau en septembre, débutera au mieux ses 18 mois de formation à l’EFB au 1er janvier 2015 pour finir le 30 juin 2016, pourra prêter serment après ses examensd’octobre 2016 ; et s’il complète avec un LL.M. signer le contrat de collaboration débutera en septembre 2017 soit 39 mois après la fin de son stage de M2 !