Les femmes roms vivent aujourd’hui au sein de la plus grande minorité ethnique d’Europe, mais qui est aussi la communauté la plus exclue des sociétés européennes. Ce rapport vise d’abord à faire état des discriminations multiples dont font l’objet les femmes roms, en raison de leur origine ethnique et de leur genre : violations de leur intégrité physique et morale, accès restreint aux services publics élémentaires. Ainsi, on peut légitimement se demander si ces femmes peuvent défendre leurs droits fondamentaux au même titre que les autres citoyens des États européens. Ce phénomène particulièrement complexe s’inscrit dans un paradoxe tant le continent européen est fier de son avant-gardisme en matière de défense des droits de l’Homme. La réconciliation de la société majoritaire avec la communauté rom est donc une priorité contemporaine pour que puisse être assurée une meilleure protection des droits fondamentaux des femmes roms, ce qui doit nécessairement passer par la mise à mal d’un imaginaire collectif très négatif à leur encontre. Souffrant également de sexisme au sein de leur propre communauté, les revendications féministes de la part des femmes roms sont souvent réprimées. De surcroit, le manque de moyens et de connaissances empêche une véritable mobilisation.
Subséquemment, ce rapport tente d’analyser la réponse politique des organisations et institutions européennes à ces violations constantes. Dès les années 90, force est de constater que les efforts sont là. La prise de conscience sur la réalité du quotidien des femmes roms a effectivement atteint les plus hautes instances européennes, et particulièrement les deux organisations que sont le Conseil de l’Europe et l’Union européenne. Ces dernières ne cessent de tirer la sonnette d’alarme en soulignant la nécessité de prendre des mesures positives et ciblées. En effet, pour certains groupes, ce type de mesure est nécessaire, sans quoi la jouissance des droits fondamentaux ne sera pas garantie de manière concrète et effective. Pourtant, l’écho législatif de cette vivre réaction politique ne s’est pas réellement fait entendre. Le quasi-néant juridique, tant chez les organisations européennes que chez les États européens, n’est que sporadiquement perturbé par des efforts à petite échelle et des affaires contentieuses. Le contraste entre les réponses politiques et les initiatives juridiques est alors frappant.
Ambre Sionneau
Certificat d’études juridiques internationales
Mémoire éffectué dans le cadre de l’IHEI sous la direction de Mme Martin-Bidou