Carrières-Juridiques.com : Depuis combien de temps êtes-vous documentaliste juridique? Quel est votre rôle, quelles sont vos missions en tant que documentaliste juridique au sein du cabinet Darrois?
Carole Guelfucci : J’ai débuté ma carrière de documentaliste chez Deloitte & Touche Juridique & Fiscal (devenu Taj) en 1992, à une époque où l’internet juridique n’existait pas, ce qui semble difficile à concevoir de nos jours.
Après 13 ans chez Bignon & Lebray, j’ai mis en place le Service Documentation du Cabinet Darrois Villey Maillot Brochier (DVMB) en 2008.
Je m’occupe de la gestion quotidienne de la bibliothèque, de la réalisation de produits documentaires comme les panoramas de presse économiques et juridiques, de recherches pour les avocats et stagiaires, de la veille juridique et de la formation des avocats et stagiaires à l’utilisation des ressources documentaires. Je suis également webmaster du site internet, de l’intranet général du cabinet et de l’intranet documentaire.
C-J.com : Quelles études avez-vous suivies pour devenir documentaliste juridique?
C.G : J’ai obtenu un DUT de documentaliste que j’ai complété par un BA in Librarianship Studies (dans le cadre d’un programme Erasmus). Pendant mes premières années de documentaliste juridique, j’ai également suivi des cours du soir en droit des affaires au CNAM.
C-J.com : Quelles sont les évolutions possibles de votre activité au sein du cabinet comme à l’extérieur ? C.G : Selon la structure, le métier de documentaliste juridique peut évoluer vers plusieurs directions comme la communication juridique, la gestion des connaissances ou « knowledge management », l’archivage ou « record management », la participation à des projets éditoriaux et pourquoi pas un rôle de « community manager » (animateur des communautés sur internet pour le compte d’une société ou d’une marque). Il me semble qu’un documentaliste juridique pourrait aussi évoluer vers un poste de Correspondant Informatique et Liberté, sous réserve de suivre la formation dispensée par la CNIL.
J’ai pour ma part deux casquettes : celle de documentaliste juridique et celle de webmaster de l’ensemble des sites DVMB. Cette dernière fonction relève plus de la communication que de la documentation juridique et prouve l’importance de l’aspect technologique du métier.
Pour finir, j’attache de l’importance à enseigner mon métier et mes astuces de documentaliste. Cette activité est une évolution gratifiante mais exigeante car elle m’oblige à avoir du recul sur mes pratiques professionnelles.
C-J.com : Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à un étudiant qui souhaiterait devenir documentaliste juridique? C.G : La double formation droit + école de documentaliste est sans doute la meilleure. Ceci étant dit, il est possible, sous réserve de suivre un cursus cohérent, de se faire une place dans le milieu en ayant une formation de documentaliste (avec des stages dans le domaine juridique) ou à partir d’un cursus de juriste, sous réserve de démontrer de fortes aptitudes à la gestion documentaire et aux technologies de l’information.
Le métier compte deux associations professionnelles très actives qui sont Juriconnexion et l’ADBS juridique. En participant aux manifestations organisées par ces associations, il est possible d’être en contact avec de nombreux documentalistes juridiques du secteur public, comme du secteur privé.
C-J.com : Qu’avez-vous à répondre à une majorité d’étudiants en droit qui ont aujourd’hui une vision négative du rôle de documentaliste juridique au sein d’un cabinet d’avocat ?C.G : La profession de documentaliste juridique, métier de l’ombre, n’est pas toujours bien connue desavocats et juristes. Toutefois, à l’instar des autres fonctions dite « support » (assistantes, informaticiens, responsable communication, responsable administrative et comptable…), elle contribue à faciliter la vie des avocats et juristes afin qu’ils se focalisent d’avantage sur leur vraie valeur ajoutée : la technicité, le conseil, la relation-client, la plaidoirie. Les jeunes juristes sont souvent les premiers utilisateurs des bibliothèques des cabinets d’avocats. En bénéficiant de l’aide, des conseils et des astuces de recherche ou de veille juridique du documentaliste en poste, ils gagnent du temps et de l’efficacité.
Si l’on accepte la dimension service du métier, la profession de documentaliste juridique est passionnante car elle cumule l’aspect intellectuel de la matière juridique en perpétuelle évolution à l’aspect technologique du métier qui a connu toutes les évolutions du minitel au web sémantique.
Pour plus d’informations, découvrez la fiche métier sur la profession de documentaliste juridique
Propos recueillis par Capucine Coquand, responsable presse pour Carrières-Juridiques.com