Les différentes enquêtes menées depuis 2009 sur la profession d’avocat montrent que la tendance est à la hausse des salaires. Cette vision reste cependant tronquée.
L’écart se creuse entre avocats d’affaires affiliés soit aux cabinets d’audit, soit aux cabinets d’affaires anglo-saxons et français, et les avocats qui évoluent dans un milieu plus éloigné de celui des affaires. Egalement, un écart se creuse entre les avocats parisiens dont la rémunération est supérieure à celle des avocats dits de « province ». Autrement dit, la moyenne nationale concernant le salaire des avocats (à peu près 5.000€ net) doit être prise avec précaution. Cette moyenne élevée ne reflète en aucun cas la majorité des avocats mais uniquement une petite partie qui tirent la moyenne vers le haut.
Les juristes, qui apparaissaient de prime abord comme les grands perdants de cette nouvelle donne, réussissent pourtant à tirer leur épingle du jeu et profitent à la fois de la complexification du marché et de la tendance à la spécialisation. Les entreprises préfèrent en effet recruter des juristes spécialisés qui les épauleront directement en interne. Conséquence : de plus en plus, les juristes d’entreprise égalisent, voire dépassent en termes de salaire les avocats affiliés aux cabinets d’audit. Mais la différence de rémunération la plus criante reste finalement celle opposant les avocats de cabinets d’affaires français et ceux de cabinets anglo-saxons. Comme le démontre le tableau cidessous, la rémunération brute des avocats d’affaires est nettement plus forte en cabinet anglo-saxons qu’en cabinet français (d’audit ou en entreprise).
Enfin, la rémunération englobe aussi et surtout le statut de l’avocat : à savoir, une grande majorité des avocats relève du statut de la profession libérale et reçoit ainsi des rétrocessions d’honoraires qui ne subissent pas le même traitement social et fiscal que les avocats salariés.
Thibaud Joulie
Juriste Fiscaliste Diplômé de l’ESSEC Business School/Paris V Descartes