L’insertion professionnelle des jeunes avocats est une épine dans le pied d’une profession au passé prestigieux. Nombreux sont ceux qui, débutant dans la profession, ne parviennent pas à trouver leur première collaboration ou décident de ne pas poursuivre après seulement trois ans d’exercice.
Milieu professionnel trop exigent, désillusion concernant la rémunération, manque d’indépendance, difficulté à conserver une vie privée… sont autant de raisons poussant les jeunes à emprunter un autre chemin que celui de l’avocature. A cela se mêle le nombre d’avocat, qui ne cesse d’augmenter depuis 10 ans, obligeant les jeunes à voguer dans un univers ultra concurrentiel. La profession comptait 39 454 avocats en 2002, elle en compte aujourd’hui près de 57 000. Face à cette réalité, que faire pour permettre aux jeunes de s’insérer plus facilement dans la profession ?
Comment les dissuader de quitter la profession après seulement trois ans d’exercice ? C’est dans l’attente de réponses, que CarrièresJuridiques.com est allé à la rencontre de bâtonniers, d’avocats, de membres de l’ordre, de directeurs d’écoles professionnelles. Si les solutions sont aussi diverses que variées, elles se dirigent globalement vers une nécessité de replacer la profession dans sa réalité quotidienne. Celle-ci, par sa jeunesse, doit trouver sa place dans le nouveau « marché du droit ».
Capucine Coquand
Laurence Junod Fanget bâtonnier du barreau de Lyon
Aider les jeunes à s’installer à titre individuel « Nous aimerions proposer des alternatives aux jeunes qui ne trouvent pas de collaboration en mettant en place des moyens pour leur permettre d’ouvrir leur propre cabinet. Ils seraient alors suivis par un avocat référent membre de l’ordre, apte à les former et répondre à leurs questions »
Elizabeth Menesguen président délégué de la Commission formation du CNB
Encourager les jeunes à s’approprier les territoires désertés « Il n’y a pas trop d’avocats en France, il y en a sûrement trop à Paris. Or, le besoin de droit est partout et il importe que nos jeunes s’approprient les territoires désertés »
Jean-Louis Scaringella directeur de l’Ecole de Formation des barreaux Conseils (HEDAC)
Familiariser les jeunes au monde de l’entreprise dès leur formation « Les jeunes avocats doivent avoir en tête que quatre ans après leur prestation de serment, 60% des jeunes avocats réaliserons leur chiffre d’affaire avec les entreprises, les dirigeants ou les entrepreneurs. Nous cherchons donc à mettre l’accent sur le client et donc l’entreprise. »
Benoit Dumontet avocat et directeur de la Haute Ecole des Avocats
Offrir une formation plus personnalisée et à taille humaine « La première des solutions est de tout faire pour que notre Ecole demeure une école à taille humaine permettant d’offrir un accompagnement personnalisé à chacune de nos élèves-avocats autour d’une formation de qualité et exigeante, répondant aux besoins exprimés par la profession d’avocat »
Kami Haeri avocat du Barreau de Paris et membre du Conseil de l’ordre
Supprimer la postulation et créer des barreaux de région pour attirer les jeunes vers la province « Je pense que la création des barreaux de régions ainsi que la multipostulation permettraient de renforcer les barreaux de province. Au lieu d’avoir 161 barreaux, nous en aurions vingt-deux, organisés dans le ressort des différentes cours d’appel. Les avocats membres de ces barreaux auraient un sentiment d’appartenance plus large. Cela encouragerait peut-être les jeunes à quitter Paris. »