La lutte contre le trafic d’ivoire connaît une actualité mouvementée : Si les États-Unis viennent d’autoriser à nouveau, après son interdiction sous le mandat Obama, l’importation sur son sol des trophées de chasse, certains pays d’Afrique ont renforcé la répression du trafic de manière drastique. Cette lutte contre le trafic d’ivoire apparaît d’autant plus urgente que la fondation WWF indique que la population d’éléphants des forêts d’Afrique, une des trois espèces d’éléphant existantes avec les éléphants d’Asie et de la savane d’Afrique, a chuté de 60 % en dix ans dans le bassin du Congo, à cause du braconnage. L’ONG IFAW indique quant à elle, que 20 000 éléphants seraient abattus chaque année pour leurs défenses partout dans le monde. Si le commerce de l’ivoire est réglementé dans le cadre de la convention CITES, on assiste désormais à un renforcement de la lutte contre les trafiquants d’ivoire.
Face à ce constat alarmant, la communauté internationale a donc dû réagir (I). Toutefois, la lutte contre le trafic d’ivoire semble aujourd’hui connaître un regain d’intérêt (II).
I) La lutte contre le trafic d’ivoire, une coopération et une entraide internationale dans le cadre de la convention CITES :
Face au déclin progressif de la faune et de la flore, les États ont peu à peu pris conscience de la nécessité de préserver la biodiversité. Initialement, le commerce des espèces sauvages de la faune et de la flore n’était pas réglementé. À partir des années 1960, des débats portant sur la nécessité de le réglementer ont commencé à apparaître, notamment du fait de l’action de certains acteurs privés, tels que des ONG et des associations. Ils ont permis de faire inscrire à l’agenda mondial l’importance d’un tel encadrement.
La première étape de cette bataille pour préserver la biodiversité : la création de la CITES.
Ces débats menés dans le cadre des Nations-Unis ont permis l’adoption à Washington, le 3 mars 1973, de la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacés d’extinction (CITES), entrée en vigueur le 1er juillet 1975.
Son objectif est de veiller à ce que le commerce international des spécimens d’animaux et de plantes sauvages ne menace pas la survie des espèces auxquelles ils appartiennent.
Elle compte actuellement 183 membres, qui sont liés par elle en vertu du principe « Pacta sunt servanda ». La France est membre de la convention depuis 1978 et l’UE depuis 2015.
La CITES contrôle et réglemente ce commerce international par un système de classement des espèces à protéger en trois annexes. La première annexe comprend les espèces en danger d’extinction. Le commerce portant sur ces spécimens étant en principe prohibé.
Cependant, les États vont exceptionnellement pouvoir l’autoriser en délivrant un permis à un individu par le biais d’un organe de gestion interne. Cet organe étatique doit au préalable prendre en compte l’avis d’une autorité scientifique sur les risques encourus pour l’espèce concernée.
Les éléphants figurent ainsi à l’annexe I, au même titre que les autres espèces menacées d’extinction.
Depuis 1989, la CITES a interdit, dans son principe, le commerce international de l’ivoire. Toutefois, le système de permis institue en réalité, un système dérogatoire à l’interdiction posée. D’un état à l’autre ces permis, qui sont des autorisations de chasse, vont être délivrés de manière plus ou moins souple.
Malgré la mise en place de la CITES, les états se heurtent à un autre obstacle de taille : la criminalité organisée.
Le commerce de l’ivoire s’opère aujourd’hui surtout de manière illicite. Des réseaux criminels abattent des éléphants sans aucune autorisation et revendent leurs défenses au marché noir. L’avancée de la technologie a favorisé cette criminalité : la vente d’ivoire se réalise en grande partie sur le Darknet, selon Interpol, ce qui vient complexifier la répression.
Ce trafic est d’autant plus florissant que le trafic d’espèces sauvages se classe au 4ème rang des activités illicites les plus lucratives, derrière le trafic de drogues, de contrefaçons et d’êtres humains.
Pour lutter contre cette criminalité, les États ont dès lors mis une place des coopérations douanières et policières. Ainsi, Interpol est à présent un acteur majeur dans cette lutte.
Cependant, les risques de corruption et d’assassinats restent très élevés. Les membres de ces organisations criminelles sont souvent mieux armés que les rangers qui défendent les réserves d’éléphants. De plus, à l’instar de Desmond Martin célèbre militant contre le trafic d’ivoire assassiné le 5 février 2018 au Kenya, de nombreux rangers ou militants luttant contre le braconnage sont assassinés chaque année. L’ONG Game Rangers International a indiqué qu’il y aurait eu au moins1000 rangers tués ces 10 dernières années en Afrique.
Face à une criminalité transnationale, les états doivent donc unir leurs forces. Ainsi, la lutte contre le trafic d’ivoire est donc un enjeu très important et semble connaître un certain regain d’intérêt(II).
II) Un regain d’intérêt accordé à la lutte contre le trafic d’ivoire
Entre les déclarations polémiques de Donald Trump relative à la chasse aux trophées d’éléphants, l’Angleterre qui annonce qu’elle va durcir sa législation sur le commerce de l’ivoire ou encore l’enquête officielle concernant Grace Mugabe, ancienne première dame du Zimbabwe soupçonnée de trafic d’ivoire, le sort des éléphants semble connaître plus d’attention. Ainsi, si pour certains la lutte contre le trafic d’ivoire est une guerre perdue, on peut espérer qu’elle s’amplifie et se renforce peu à peu.
Le 1er mars 2018, les États-Unis autorisent de nouveau l’importation de trophées d’éléphants, interdits sous l’administration Obama, sur le sol américain. Le gouvernement de Donald Trump a indiqué que ces permis seront délivrés « au cas par cas », et ces trophées d’éléphants pourront notamment provenir du Zimbabwe et de la Zambie. Pourtant, l’Assemblée générale de la CITES a voté l’interdiction en 2016 pour le Zimbabwe et la Zambie d’écouler leurs propres réserves d’ivoire. Cela signifie donc qu’alors même que ces pays réalisent des arrestations sur leurs propres ressortissants, des autorisations provenant des États-Unis pourraient autoriser des citoyens américains a chasser des pachydermes au Zimbabwe et en Zambie. Plusieurs ONG craignent que cette décision de l’administration Trump relance un intérêt pour le commerce de l’ivoire.
À côté de ce relâchement inattendu, plusieurs états africains continuent malgré tout de mener une répression drastique et réalisent d’importantes arrestations très médiatisées.
Le 25 mars 2018, le Zimbabwe en donne une illustration frappante. Ce jour là, les autorités du Zimbabwe confirment officiellement enquêter sur l’ancienne première dame du pays Grace Mugabe, soupçonnée d’avoir importé illégalement de l’ivoire de contrebande dans plusieurs pays notamment en Chine. Ainsi, on peut espérer que cette annonce incite d’autres états à poursuivre leurs efforts.
La lutte contre le trafic d’ivoire semble ainsi connaître un regain d’intérêt.
L’actualité britannique semble confirmer cet élan. Le ministre de l’environnement Michel Grove a annoncé le 3 avril 2018, vouloir durcir la législation de son pays pour en faire l’une des plus strictes au monde. Avec ce nouveau projet de loi, la vente d’ivoire serait presque totalement interdite sur le territoire anglais, indépendamment de son année d’importation. Les trafiquants d’ivoire encourront jusqu’à cinq ans d’emprisonnement. Ce projet de loi connaît actuellement un franc succès en Angleterre, puisque les résultats de la consultation publique ont montré que 88 % des 70 000 votants se sont prononcés favorablement à celui-ci. Cette initiative de Michel Grove a été saluée par plusieurs associations, notamment l’ONG Stop Ivory qui l’a qualifiée de « message puissant au monde ».
Cette initiative sera t’elle suivie par d’autres États ?
Elodie Malval
Pour en savoir plus :
-WWW. Cites.org
-WWW. Ifaw.org
-WWW. WWF.fr
-WWW. Interpol.Int.fr
-WWW.savetheelephants.org
-gamerangerinternational.org
-stopivory. org
super article vous devriez continuer ainsi votre article était clair et net compréhensible et bien vous m’avez beaucoup appris et aider pour mon cours. très cordialement Léanne Laurens