Les Moot Court ou l’art des plaidoiries à l’anglaise: explications

En France comme en Angleterre le plaidoyer est incontestablement un art. Le plaidoyer ou bien le mooting comme le disent les Anglais est un dialogue, une conversation entre l’avocat qui parle et le juge qui écoute. Un problème de moot est un problème hypothétique basé sur un point de loi peu concluant et parfois nébuleux. Généralement, cela se déroule soit dans la Cour d’appel ou soit dans la Cour suprême d’Angleterre.

To moot, or not to moot, that is the question…

Une question bête et méchante mais il est indéniable que les étudiants ayant une expérience de mooting ont un atout. Les cabinets d’avocats en Angleterre apprécient un jeune mooter puisque s’articuler devant un juge n’est pas un jeu d’enfants. Pour nombreux d’entre nous, parler en public est un grand défi. Néanmoins, dans un moot court l’ambiance est très différente. L’éloquence judicaire, ce que les anglais appellent moot court etiquette, joue un rôle crucial. Pour réussir à une plaidoirie le droit ne suffit pas. Pour obtenir des résultats bien souhaitables il y a 3 éléments déterminants: persuasion, professionnalisme et courtoisie.

Préparation et Performance 

La préparation est sans doute la clef de voûte en ce qui concerne une bonne performance. Les participants  sont appelés les Appelants et les Respondents (l’équivalent du Demandeur et du Défendeur). Ils doivent communiquer au juge et aux interlocuteurs leurs Skeleton Argument.  Ceci est un résumé des arguments qui seront avancés devant la Cour ainsi qu’une liste d’arrêts que les plaidoyers utiliseront. Les mooters ont entre 10 et 20 minutes pour présenter au juge leurs arguments qui sont ainsi appelés des submissions.

Pour effectuer le dossier de plaidoiries, connue comme un bundle il est essentiel que les jeunes juristes sachent comment se servir des Law Reports. Collationner un bundle est un processus assez méticuleux. Lorsque le juge tourne les pages de votre bundle, cela n’est autre que le reflet de votre dur travail et votre impressionnante organisation.

En outre, la jurisprudence anglaise (case-law)  et  le precedence et stare decisis  jouent un rôle fondamental. Ce qui compte, c’est d’emporter la conviction des juges, en leur montrant que vous connaissez les arrêts et que vous avez pu déchiffrer le ratio decidendi.

Gardez toujours en tête que vous vous adressez à un juge.  Mais il faut écouter au moins autant que se faire entendre. L’interruption par les juges connue comme judicial intervention est un moment très important pendant le moot. D’abord, faites preuve de professionnalisme. Ensuite, faites preuve de courtoisie.

Ce que vous dites est important et la manière dont laquelle vous le dites est encore plus importante. Votre discours doit être mesuré, uniforme, clair et concis. Vous devez croire en ce que vous dites et faites tout ce qui est en votre pouvoir pour convaincre !

Et, bien sûr, n’oubliez pas de regarder vos interlocuteurs dans les yeux ; le contact visuel est clef. Néanmoins, votre arme plus précieuse sera de démonter les arguments de l’adversaire. Priver votre adversaire de ses arguments est une stratégie très efficace et montrera une recherche du problème très approfondie.

La préparation pour une compétition de moot est particulièrement chronophage mais c’est une expérience sans aucun doute enrichissante. En conclusion, la récompense de tous vos efforts n’est pas tout simplement de gagner. Comme le dit le grand poète grec Cavafis dans le célèbre « Ithaque », ce n’est pas simplement une question de gagner ou de perdre ; au contraire c’est le trajet et l’expérience qui comptent.

 

                                                                                                          Christina Avgousti

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