Depuis toujours, l’apparition d’un nouvel instrument, d’une nouvelle technique, contribue à l’évolution de la création musicale, mais la démocratisation de l’outil électronique est à l’origine d’une révolution sans précédent : les techniques d’enregistrement sont devenues des techniques de création.
Basé sur la technique de la reprise et de la réinterprétation, d’une ou plusieurs oeuvres préalables, le remix n’est pas un mode de création entièrement nouveau. Mais c’est une technique qui a acquis avec la démocratisation de l’informatique une ampleur telle qu’il est devenu un mode de création artistique privilégié. Malgré l’absence de travail majeur sur le sujet, les quelques définitions connues diffèrent peu. Jean Vincent définit le remix comme « la version modifiée d’un phonogramme, à l’aide de techniques d’édition audio généralement utilisées par le DJ. Une version remix est souvent d’un genre musical différent de l’original et peut réunir à la fois des séquences préexistantes modifiées et de nouvelles séquences fixées spécialement ».[…]
La jurisprudence de la Cour d’appel de Paris a envisagé le remix de la manière suivante : « Le remix suppose une reprise intégrale de l’oeuvre pré-existante dans une nouvelle interprétation, enregistrements qui dans la mesure où ils ne modifient ni le texte ni la musique d’origine sont licites. ». En mettant la référence au caractère licite de côté pour le moment, toutes ces définitions semblent se rejoindre sur une interprétation du remix comme étant une reprise, d’un phonogramme ou d’une oeuvre en général, pour en refaire le mixage, entendu comme l’enregistrement définitif. Finalement le re-mix se distingue beaucoup du « mix » du DJ, qui « consiste dans l’enchaînement d’oeuvres enregistrées dans leur intégralité ». […]
Néanmoins le sens du remix tel qu’il est entendu aujourd’hui a évolué à mesure qu’il s’est imposé tant dans la pratique que dans le langage. D’ailleurs les auteurs du Larousse le définissent comme une Technique musicale consistant à retravailler un titre déjà enregistré afin d’en produire une autre version, dite « remixée ». Cette définition rend sans doute mieux compte de la liberté du remixeur, qui en aucun cas ne doit s’astreindre à une certaine marge de manœuvre dans la réinvention qu’il ferait d’une oeuvre.[…]
Paul BENELLI