Le 9 avril 2015, l’AFJE (Association Française des Juristes d’entreprise) a organisé à l’Université Paris II Panthéon-Assas une conférence où étaient invités plusieurs juristes, directeurs juridiques d’entreprises de secteurs et taille variés, dans le but de leur permettre de présenter leur métier.
Cette conférence a été organisée suite au constat que les étudiants sont souvent mal informés sur ce métier. Aussi, la réalité économique est telle, qu’aujourd’hui il y a un grand besoin en juristes dans les entreprises.
Juriste d’entreprise : un métier très diversifié
Quand on est juriste, on fait beaucoup de choses au sein de l’entreprise : en droit mais aussi dans d’autres domaines. A titre d’exemple, était présent à la conférence, un juriste qui a commencé à la Commission européenne avant de poursuivre sa carrière en tant que juriste au sein d’un grand groupe, puis a pu évoluer comme responsable juridique au sein d’une entreprise de taille . Le monde de l’entreprise, par son dynamisme, permet de toucher à plusieurs secteurs et métiers du droit très différents. Ainsi, le juriste, lorsqu’il évolue comme responsable ou directeur juridique, en plus de ses fonctions juridiques, aura des fonctions de management.
Aussi, il n’est pas rare de voir des avocats devenir juristes, après quelques années de pratique.
Il est important, en tant que juriste, de ne pas être trop expert dans un domaine : il faut être polyvalent.
L’évolution du métier de juriste
Tout d’abord, il est important de souligner que le métier de juriste est très différent de celui d’avocat : ainsi, le juriste ne travaille pas avec des juristes, il travaille avec des opérationnels.
Avant, le juriste était considéré comme le spécialiste du droit au sein de l’entreprise. Les opérationnels ne venaient le voir qu’en cas de problème. Aujourd’hui, il est un véritable business partner, il est de plus en plus intégré à la définition de la stratégie d’entreprise et intervient en amont de tout action engagée.
Les qualités, compétences et formations essentielles du juriste
Aujourd’hui, le juriste ne peut plus se passer de la maîtrise d’une langue étrangère. Particulièrement, la maîtrise rédactionnelle de l’anglais est devenue obligatoire !
Autre qualité très importante : la curiosité. Le juriste doit s’intéresser et comprendre les problématiques des autres départements pour défendre au mieux les intérêts de l’entreprise.
Enfin, niveau formation, il est sûr qu’un candidat ayant une double compétence (LLM/MBA), aura plus de chance qu’un autre d’être embauché en entreprise. Cependant, pour la plupart des juristes et directeurs juridiques présents à la conférence, ce n’est pas un prérequis essentiel. Aussi, point rassurant, les formations universitaires sont très appréciées, un élève qui sort d’école de commerce ne sera donc pas forcément privilégié face à un élève de fac de droit.
Rémunération du juriste
La rémunération du juriste est très variable suivant la taille de l’entreprise, ses grilles salariales, mais aussi selon la manière dont le salaire est négocié. Les disparités restent importantes, car un juriste junior dans un grand groupe peut voir son 1e salaire varier entre 32 et 42Ke/an. A savoir que les juristes en Ile-de-France sont généralement mieux payés qu’en province. L’heure venue de votre premier emploi, n’oubliez donc pas de le négocier.
Autre point important à souligner : le juriste, par rapport à l’avocat, a un avantage : il est salarié, ce qui implique qu’il bénéficie d’une plus grande protection juridique.
Quid du statut d’avocat en entreprise ?
Point final mais pas moindre de la conférence : le statut d’avocats en entreprise. Ce statut, que négocient de manière ardue les juristes de l’AFJE auprès du gouvernement, englobe des enjeux fondamentaux. Ainsi, ce statut permettrait d’accorder aux juristes une sorte de legal privilege, équivalent à celui octroyé au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. La confidentialité est aujourd’hui majeure en terme de compétitivité, mais aussi par rapport à l’employabilité des juristes : sans ce droit au secret, nous ne sommes pas les égaux de nos collègues européens ou outre-Atlantique. A l’heure actuelle, les juristes d’entreprise français ne sont pas protégés par un secret professionnel comme peuvent l’être un avocat. Ceci pose un véritable problème en matière de saisie d’informations confidentielles ;
Le métier de juriste est un beau métier, qui permet de travailler dans des domaines et métiers plus passionnants les uns que les autres, et qui mérite donc de se battre pour faire évoluer son statut !
Leslie Blaquières