A 27 ans, Guillaume Mermoz exerce le métier de commissaire-priseur. A ses débuts, le jeune homme a su s’affirmer grâce à son professionnalisme et ses compétences face à des clients parfois récalcitrants. Il nous raconte son quotidien.
« Lycéen, j’étais déjà passionné par les objets d’art et leur histoire. Un jour, j’ai eu l’opportunité d’assister à une vente aux enchères de bijoux à l’hôtel des ventes de Montpellier. En observant la commissaire-priseur à la tribune, je me suis dit que c’est là que je voulais être dans quelques années » raconte Guillaume Mermoz. Après son bac ES, le jeune homme intègre donc la fac de droit de Montpellier où il décroche, cinq ans plus tard, un M2 pratiques juridiques et judiciaires. Il enchaîne avec une licence histoire de l’art en accéléré. Le double diplôme lui ouvre ainsi les portes de l’examen d’accès au stage rémunéré de commissaire-priseur assorti de cours spécifiques sur les objets d’art et la réglementation des ventes aux enchères publiques. Deux ans plus tard, il fait partie de la vingtaine de commissaires-priseurs diplômés chaque année.
Un vide-poche qui s’avère être un plat chinois du 18ème siècle
Guillaume devient ainsi l’un des plus jeunes commissaires-priseurs de France « Quel bonheur d’arriver au bout de ses études. On est à la fois enthousiaste et nostalgique mais tellement impatient de pouvoir enfin exercer » raconte le jeune homme. Pour ses débuts dans la profession, Guillaume va devoir faire ses preuves : « Les clients me demandaient systématiquement mon âge. Ils me trouvaient trop jeune et ne m’accordaient pas leur confiance. Il a fallu que je leur démontre que j’avais les compétences pour exercer ce métier » explique-t-il. Très vite, le jeune homme réussit à s’affirmer et se souvient avec émotion de ses premières estimations : « Un rendez-vous m’a particulièrement marqué à mes débuts. Une famille dont les descendants avaient vécu en Indochine au siècle dernier, me demande d’estimer des biens de la maison. Mon regard est attiré par un vide-poche que la famille ne me présente pas estimant que l’objet n’a pas de valeur et pourtant… Ce vide-poche dans lequel plusieurs générations ont jeté leurs clés s’avère être un plat chinois du 18ème siècle d’une valeur de plus de 80 000 euros. Ce métier est magique notamment pour ces moments. »
Des compétences pointues en droit civil, commercial, de la famille ou encore européen
Guillaume précise que les commissaires-priseurs sont des généralistes d’objets d’art qui doivent pouvoir facilement identifier, dater un objet et ne faire appel à un expert qu’en cas de doute ou pour des objets de très grande valeur. Quant à leur formation juridique, elle leur permet de bien connaître le marché de l’art, sa réglementation, son évolution… Le commissaire-priseur a ainsi des compétences en droit civil, commercial, de la famille ou encore européen. Il existe deux statuts de commissaires-priseurs selon qu’ils s’occupent de ventes volontaires ou judiciaires. Le commissaire-priseur en charge des ventes volontaires d’objets ou de meubles appartenant à des particuliers, travaille au sein de sociétés commerciales agréées par le Conseil des ventes. Quant au commissaire-priseur qui procède aux ventes judiciaires, c’est un officier ministériel nommé par le garde des Sceaux.
Vers une profession unique, celle de commissaire de justice
Il faut savoir qu’au 1er juillet 2022, les professions d’huissier de justice et de commissaire-priseur judiciaire fusionneront et que, d’ici 2026, elles doivent former une profession unique, celle de commissaire de justice. « Un huissier de justice pourra faire un constat le matin et estimer une céramique de Picasso l’après-midi et inversement pour les commissaires-priseurs. Pourquoi pas ? Il faudra s’adapter. Mon objectif est de me centrer sur l’estimation et l’objet d’art, de défendre cette compétence longue à acquérir et qui a encore de la valeur… »
Les ventes aux enchères ne représentent que 5 % de leur quotidien
Pour les jeunes désireux d’exercer le métier de commissaire-priseur, Guillaume précise qu’il faut être « curieux et rigoureux mais aussi aimer le contact, être à l’écoute des personnes et lors des ventes aux enchères, faire preuve d’une certaine aisance orale doublée d’un sens de la mise en scène pour susciter l’intérêt et faire monter les enchères. Il y a des commissaires-priseurs qui sont de vrais showmen » ajoute Guillaume. Le jeune homme n’a pas encore eu l’occasion de tenir le marteau : « Cela ne représente que 5 % de notre quotidien mais je suis impatient d’avoir ce rôle. » A 27 ans, Guillaume savoure chaque jour le bonheur d’exercer le métier de ses rêves. Aujourd’hui, il vient de s’associer avec un commissaire-priseur établi depuis une dizaine d’années pour ouvrir une étude à Antibes. Passionné et ambitieux, pour son avenir professionnel, Guillaume voit grand.
Séverine Tavennec
Se former au métier de commissaire-priseur
Après le bac, pour devenir commissaire-priseur, il faut être titulaire d’un diplôme universitaire en droit et d’un autre en histoire de l’art, de niveau bac + 3*. Ces deux bagages vous permettront ensuite de vous présenter à l’examen d’accès au stage de commissaire-priseur qui comporte des épreuves écrites d’admissibilité et des épreuves orales d’admission d’ordre juridique et artistique.
Vous devrez ensuite suivre un stage pratique rémunéré de deux ans. A l’issue de ce stage, un certificat de bon accomplissement est délivré par le Conseil des ventes pour exercer le métier, notamment pour diriger des ventes volontaires d’objets aux enchères publiques. Pour diriger des ventes judiciaires, il faut passer l’examen d’aptitude à la profession de commissaire-priseur judiciaire qui comporte trois épreuves orales de 30 minutes sur la réglementation professionnelle, la pratique des ventes et le droit.
* Hormis l’université, sachez qu’il existe des formations artistiques dispensées à l’Ecole du Louvre ou en écoles privées (Eac, Icart, Iesa, Ideth….)
Pour en savoir plus : la Chambre nationale des commissaires-priseurs judiciaires (CNCPJ) : commissaires-priseurs.com.