L’âge d’éligibilité à l’Assemblée passe à 18 ans

 


 


L’article 127 du code électoral énonce que « Tout citoyen qui a vingt – trois ans révolus et la qualité d’électeur peut être élu à l’Assemblée nationale… ». Cette article est semble t-il voué à une évolution.

 

 


 

 

En effet, l’Assemblée nationale a adopté le 20 décembre 2010 l’article 1er du projet de loi organique relatif aux élections législatives abaissant ainsi l’éligibilité à 18 ans. Maxime Verner, initiateur du projet, fondateur de l’association « Candidat à 18 ans » est satisfait de cette avancée mais il aimerait que cette mesure soit étendue également aux élections sénatoriales, imposant toujours d’avoir trente ans pour être sénateur.

 

I        En parlant d’âge


L’introduction de la loi du 5 juillet 1974 modifie l’âge de la majorité  l’abaissant ainsi de 21 à 18 ans la majorité électorale se voit donc elle aussi modifié. Trente cinq ans après le vote de cette loi, une nouvelle modification semble se profiler. Malgré tout, ce souhait ne semble pas nouveau, le gouvernement Jospin avait tenté cette modification à deux reprises en 1999 et 2001, mais il s’était heurté au refus du Sénat.

 

Cette évolution semble malgré tout logique, en effet depuis l’introduction de la loi de 1974 il est possible de se présenter de concourir pour un mandat local. Malgré tout, la France restait à la traîne jusqu’à présent, et va donc rejoindre un grand nombre de pays européens où l’âge minimum pour être élu est de 18 ans. On retrouve par exemple l’Espagne ou encore l’Allemagne. Nous pourrons donc bientôt voir des députés « en culottes courtes » dans l’hémicycle tant en France que sur les bancs du Parlement européen. Cet abaissement permettra également de pouvoir se présenter aux à l’élection présidentielle, comme l’envisage Maxime Verner, futur donc candidat en 2012.

 

Peut-être cette loi va t-elle permettre de rajeunir notre Parlement, car force est de constater qu’être jeune, eu égard à la législation existante, reste une rareté dans l’hémicycle, la moyenne d’âge de nos députés au moment des élections législatives de 2007 était quasiment de 57 ans.

 

 

carte electorale le petit juriste

 

 

II      D’électeur à élus


Ce qu’il faut plutôt se demander c’est si une personne de 18 ans a toute la maturité requise pour exercer de hautes fonctions électives. Certes c’est une chose de pouvoir participer à la démocratie locale, mais c’est toute autre chose d’être élu à l’Assemblée nationale, sans parler de la fonction présidentielle ou gouvernementale. Même, s’il est aisé de remarquer que les jeunes aujourd’hui, à l’image de l’initiateur du projet, sont matures plus tôt que leurs aînés, le sont-ils suffisamment pour adopter et réfléchir sur des lois tel que le budget ou encore la réforme de la justice ?

 

Cependant, cette réforme permettra à chaque citoyen âgé de 18 ans disposant de ses droits civiques de se présenter à toutes les élections politiques qu’il souhaitera. Après, les électeurs décideront quel candidat  est le mieux à-même de les représenter.

 

Cette réforme permet d’apporter une nouvelle pierre à l’édifice de « l’égalité devant les fonctions électives » tout comme à une certaine époque ce fût le cas de la parité homme – femme, mise en place après la loi du 6 juin 2000. Cette loi organique est aussi un signal fort à destination de la jeunesse pour les encourager à se mobiliser pour les échéances à venir. Même si la réforme voulue à l’époque par Valéry Giscard d’Estaing, ne lui a pas spécialement porté bonheur (le vote des jeunes c’est essentiellement porté sur le « candidat » Mitterrand) l’idée est surtout de les amener aux urnes.

 

La chose ne va cependant pas être aisée. En effet, les jeunes, en principe européens convaincus, ont négligé les dernières élections européennes. Selon un sondage de l’institut TNS – Sofres, 70% des 18-24 ans ne se sont pas rendus aux bureaux de vote. Les jeunes seraient-ils des grands sceptiques ou se sentent-ils trop éloignés de leur candidat ? Possible, car peu avant les élections présidentielles de 2007 une enquête Ipsos révélait que 79% des 18-24 ans avaient une mauvaise image des hommes et femmes politiques. Le législateur ne veut-il pas redorer le blason de la classe politique française en permettant de rapprocher générationnellement l’électorat de ses candidats ? Mais nous sommes encore loin d’avoir des jeunes députés, car aujourd’hui la plus jeune député élue en 2007 avait 29 ans, quant à la fonction présidentielle, le plus jeune président sous la V° République  reste Valery Giscard d’Estaing qui avait 48 ans lors de sa prise de fonction.

 

Que nos élus du Sénat se rassurent, en approuvant ce texte, le scénario « nos députés passent le Bac » n’est pas encore écrit.

 

 Aline GONZALEZ

Aline Gonzalez

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