Après des études de droit, Julie Jeckel a exercé durant quatorze ans le métier de médiatrice pénale. Il y a un an, elle a décroché le DEMF (Diplôme d’Etat de médiateur familial) qui lui permet d’assurer aujourd’hui cette nouvelle fonction au sein d’une structure associative.
La médiation familiale est une alternative dans la gestion des conflits familiaux, dans le but d’éviter ou de pacifier une procédure judiciaire. Julie Jeckel écrivait dans son mémoire de fin d’études, en vue de l’obtention du DEMF : « La médiation et la justice ont des logiques différentes, pour autant elles partagent un objectif commun, qui tend à la recherche d’une certaine forme de paix sociale ». En effet, lorsqu’elle reçoit une famille déchirée par une crise (séparation, conflits, discordances), la professionnelle cherche un moyen de rétablir, de resserrer un lien familial endommagé, voire anéanti.
Etablir une communication saine et productive entre les parties
« C’est un travail en parallèle de la justice », explique-t-elle. Elle donne l’exemple d’un couple qui subit une séparation litigieuse : elle va avoir pour rôle de les amener à trouver des solutions financières, mais également gérer la question des enfants (lieu de résidence par exemple). Elle insiste aussi sur l’importance « d’établir une communication saine et productive entre les parties ». Le travail est bonifié par le fait que la rencontre avec un médiateur est une démarche complètement volontaire de la part des parties. La médiation peut également être ordonnée par le juge aux affaires familiales, mais même dans ce cas, « les parties sont libres d’accepter ou de refuser la mise en place de la médiation ».
Des compétences juridiques et psychologiques
« Mon orientation professionnelle me permet désormais de concilier mon appétence pour l’application des règles de droit tout en ayant une vision humaine des conflits intra-familiaux », confie-t-elle. En effet, la médiatrice familiale admet que pour travailler correctement, les connaissances nécessaires sont à la fois certes juridiques, mais également psychologiques. Elle souligne l’importance d’être à l’écoute, de garder une neutralité impartiale et une tolérance indiscutable. Elle insiste tout particulièrement sur l’humilité de sa fonction : « Le tribunal peut paraître empreint de solennité, voire déshumanisé quelque part (….). Au sein de notre structure, les personnes arrivent dans un cadre complétement différent, nous sommes très vigilants à être extrêmement bienveillants dans notre accueil. » La médiatrice nous fait comprendre que pour favoriser l’échange, qui va irrémédiablement porter sur l’intimité des personnes, il faut absolument savoir mettre à l’aise les particuliers pour qu’ils se sentent en sécurité.
Une parenthèse pour les parties
« C’est en cela que la médiation familiale occupe une place majeure au sein même du milieu judiciaire, car elle propose un espace de liberté propice à tous les possibles. Elle offre ainsi aux parties une parenthèse, un souffle dans la procédure », conclue-t-elle. « La médiation familiale permet d’arrondir les angles carrés de la justice. »
Clémence Semerdjian
Se former au métier de médiateur familial
La formation au métier de médiateur familial est notamment ouverte aux titulaires d’une licence dans le domaine du droit, de la sociologie ou de la psychologie. D’une durée d’environ 600 heures, elle débouche sur le DEMF (Diplôme d’Etat de médiateur familial). Ce diplôme de spécialisation professionnelle réglementé est délivré par le Ministère des affaires sociales.
Plus d’infos : https://www.apmf.fr/la-mediation-familiale/diplome/