Il arrive un temps où l’étudiant en droit, après avoir fait ses armes sur l’état civil ou la Constitution, aborde le droit administratif. C’est alors le temps des désillusions. Non seulement cette discipline est d’une complexité redoutable, mais surtout, les raisonnements s’éloignent tant de la réalité que l’étudiant n’a qu’une vue partielle et incomprise des enjeux et des situations. Les cours de droit administratif sont souvent honnis pour deux raisons. La première est la technicité propre à la matière (songeons seulement au retrait et à l’abrogation des actes administratifs ou du contentieux contractuel !), la seconde est la difficulté d’en forger une définition. En effet, si les autres disciplines juridiques sont souvent au moins aussi complexes à définir, il est toujours possible d’en fournir un simple énoncé pédagogique, qui suffit pour les débutants à l’appropriation de la matière. Le droit administratif pour sa part, semble être réfractaire à cette simplification essentielle.
Cet écueil ne tient pas à un problème d’enseignement, tant les professeurs rivalisent d’ingéniosité pour essayer d’expliquer la matière. Il tient plutôt à la somme plus que conséquente de définitions possibles et de travaux publiés, et aussi, aux débats pléthoriques qui ont agité cette question en doctrine. Pourtant, malgré sa complexité redoutable, la définition du droit administratif, rien que par les controverses doctrinales savoureuses et révolues qu’elle a engendrées, reste une fabuleuse aventure, que cet article va tenter de retranscrire.