Pour ce troisième volet, Le Petit Juriste souhaite mettre l’accent sur cette double passion axée sur le sens du service aux autres qui anime les juristes et qui peut même dépasser le cadre du droit. C’est ce que nous prouve Monsieur Barthelet en étant juriste consultant au CRIDON mais aussi Sapeur Pompier
LPJ : Quel est votre parcours ?
BB : j’ai opté pour un cursus assez classique avec Maitrise et DESS de droit notarial. J’ai poursuivi en accomplissant ensuite les semestrialités du Diplôme Supérieur du Notariat (DSN). Simultanément, contrat de professionnalisation oblige, j’ai acquis une première expérience en tant que notaire stagiaire. En 2007, j’ai intégré le CRIDON de Lyon, d’abord en tant que juriste-documentaliste puis dès 2008 en tant que juriste-consultant. J’ai terminé mon DSN en travaillant au CRIDON.
LPJ : Comment en êtes vous venu à vous engager chez les Sapeurs Pompiers ?
BB : Par un déclic un soir. J’avais à peine plus de 16 ans et je ne connaissais rien à ce milieu. J’ai simplement émis le souhait auprès de mes parents d’entrer chez les pompiers sans réflexion ni retenue. Le lendemain j’ai eu le vertige de la portée de cet engagement mais je n’ai pas reculé pour autant. Je suis donc entré dans un centre de secours de l’Allier et j’ai pu assurer mes premières interventions avant mes 17 ans. J’ai reçu à ces occasions un encadrement optimal de ma hiérarchie.
LPJ : Avez vous déjà été amené à hésiter entre ces deux passions ?
BB : Non jamais. J’ai toujours conçu mon engagement chez les pompiers comme un service volontaire sans jamais vouloir en faire mon métier.
LPJ : « Sauvez ou périr »… Est ce aussi pour cela que vous vous êtes tourné vers des études de droit ?
BB : Clairement non. D’abord, cette devise est vraiment attachée aux Pompiers (d’ailleurs spécifiquement ceux de Paris) et à eux-seuls. Et puis, je n’ai jamais eu la vocation de certains professionnels, notamment avocat, pour la protection des plus faibles.
LPJ : Vous avez également des activités annexes de formation, rédaction ou conseil. Comment faites vous pour concilier les services de garde chez les Sapeurs-Pompiers, vos activités annexes et votre métier de juriste au CRIDON ?
BB : Mon emploi au Cridon est un temps plein en horaire de bureau. J’ai donc du temps pour gérer le reste, et mon rôle de parent de deux enfants, les soirs et les week-end.
En réalité, je suis plus ou moins disponible pour les pompiers selon les périodes. je dépends toujours d’un centre de secours en milieu rural qui fonctionne avec un système de Gestion Individualisée de l’Alerte « Dispotel ». Il n’y a donc pas de « garde postée » sur 12hrs ou 24 hrs comme dans les casernes urbaines ou semi-urbaines. Les effectifs du centre sont en baisse au contraire des demandes d’interventions et tant que je pourrai marquer une présence et prendre des départs, au moins les week-end, je le ferais.
L’engagement est prenant mais cela ne m’empêche pas de songer depuis un moment à prendre une affection sur Lyon pour prendre quelques gardes de 12 hrs par an.
LPJ : En étant Sapeur Pompier et juriste-consultant on peut dire que vous avez un véritable sens du service. Avez vous besoin de cela pour vous accomplir ? Et est-ce, pour vous, quelque chose d’inné ou que vous avez su acquérir avec le temps ?
BB : Un besoin : sûrement. Inné : probablement mais ça se développe aussi. Le sens du service est indispensable dans les deux activités c’est certain. Les adhérents du Cridon ont besoin de notre assistance et notre expertise mais j’avoue ne l’avoir vraiment compris qu’une fois embauché. Paradoxalement je ne suis pas entré chez les pompiers pour le feu et l’incendie mais plus pour l’assistance aux victimes. Mon attirance première était les secours à personne. Je ne me suis épanoui dans les intervention pour feux que progressivement.
LPJ : Dans ce contexte actuel, (réforme des professions réglementées, taux de chômage croissant ndlr), pensez vous que ce soit un atout de cumuler plusieurs emplois quand on a une formation juridique ?
BB : je ne sais pas si un recruteur qui parcours mon CV se dit que c’est un atout ou que c’est un frein. Mais s’il pense que c’est un frein, nous ne serons jamais en adéquation de pensée. Tout est richesse et épanouissement pour moi.
LPJ : D’ailleurs… Nous devons vous poser une question… Comme vous le savez, la profession de notaire est en plein bouleversement. Après avoir remis en cause leur compétence en matière de divorce, avoir évoqué l’impact que pourrait avoir une harmonisation européenne, et maintenant la réforme des professions réglementées, pensez vous qu’un étudiant en droit peut s’engager sereinement dans cette voie et pensez à s’associer au sein d’un office ?
BB : Le sujet est brûlant. Une réforme du notariat est certes indispensable sur certains aspects mais le projet de Bercy va sûrement trop loin.
Cela étant, je ne vois pas que les étudiants qui affectionnent le « droit notarial » doivent s’en détourner. Je ne sais pas s’ils pourront s’installer, être nommés, et encore moins ce que sera l’avenir mais je sais que la spécialisation demeurera toujours.
LPJ : En tout cas « Courage et dévouement » il semble que cela s’applique également au droit et ça pourrait être votre propre devise.
BB : Elle me plait bien celle-là.