Emmanuel fait partie de ces profils que les recruteurs aiment qualifier d’atypiques. Passionné par l’innovation, il a décidé de rejoindre l’univers de la legaltech française. Rencontre avec un juriste devenu product manager chez Hyperlex, start-up spécialisée dans l’automatisation de contrats.
LE PETIT JURISTE. Pourquoi avoir abandonné le droit ?
EMMANUEL BRÉARD. Dès la première année de licence, j’ai eu la chance d’effectuer un stage dans un cabinet d’avocats. À l’époque, mes missions se résumaient à des tâches administratives. Puis, dès la troisième année, j’ai renouvelé cette expérience avec, cette fois-ci, une plus grande implication dans les dossiers du cabinet. Cette expérience n’a toutefois pas suscité chez moi une vocation pour l’avocature. Après un master 1 en droit des affaires à Assas, j’ai décidé de prendre une pause d’un an à Londres. J’ai fait des petits boulots, j’ai été bagagiste, puis dans l’événementiel. En parallèle, j’ai lu beaucoup d’ouvrages sur l’intelligence artificielle appliquée au droit, et j’ai commencé à m’intéresser de très près à l’univers des legaltechs. Grâce à cette pause, j’ai découvert que ce qui me plaît, ce n’est pas le droit, mais tout ce qui gravite autour.
Comment s’est passé le retour en France ?
J’ai rejoint legalstart.fr, une start-up spécialisée dans la création de sociétés. Ensuite, j’ai décidé de poursuivre mes études à l’EM Lyon pour diversifier ma formation et augmenter mon employabilité. Au bout d’un an, j’ai effectué mon stage de césure en tant que product manager chez Hyperlex, une start-up spécialisée dans l’automatisation de contrat, qui a débouché sur un CDI.
En quoi consiste le métier de product manager ?
L’objectif est d’encadrer les développements futurs en lien avec la vision de l’entreprise. Dans un premier temps, je vais à la rencontre de juristes d’entreprise et d’avocats pour comprendre leurs difficultés. Grâce à ce travail, nous pouvons réfléchir aux fonctionnalités qui leur permettraient de surmonter ces blocages. Une fois l’idée aboutie, vient la phase de maquettage et de développement de la fonctionnalité. Avec les développeurs, je m’assure de ce qui est réalisable ou non, et en combien de temps. Enfin, je vérifie que tout est fonctionnel et codé, comme on l’avait initialement imaginé, de la conception à la phase de test et à la mise en ligne du produit.
Le droit est-il encore utile aujourd’hui pour l’exercice du métier de product manager ?
L’intelligence artificielle, il faut l’entraîner, lui soumettre des contrats, des clauses contractuelles ; la machine va ensuite tout analyser. Il convient donc d’avoir de bons réflexes juridiques. Le droit m’a permis de raisonner ainsi, mais aussi de structurer ma pensée, ce qui représente une longueur d’avance par rapport à d’autres candidats qui n’ont pas un profil de juriste. Connaître le droit, c’est aussi une manière de s’adresser aux juristes et aux avocats. Le droit, c’est tout un univers qu’il est difficile de comprendre lorsqu’on n’est pas initié.
Un message pour nos lecteurs ?
Si vous n’êtes pas sûrs d’avoir choisi la bonne voie, partez à l’aventure. Faites une pause à l’étranger, puis venez découvrir l’univers de la legaltech, et rejoignez-nous chez Hyperlex !