Augustin Doulcet, avocat au Barreau de Paris, associé du cabinet Lexe Associés, rappelle notamment l’importance de faire des stages durant ses études de droit et le plus tôt possible, afin de se familiariser avec le métier d’avocat.
La grande famille du droit regroupe des professions extrêmement diverses. Le quotidien d’un mandataire judiciaire est bien différent de celui d’un commissaire priseur ou encore de celui d’un notaire, d’un huissier, d’un juriste ou d’un avocat. Or, les études de droit peuvent mener à exercer l’une de ces professions en fonction des orientations que l’on prend. Au sein même de l’un de ces métiers, il existe ensuite des sous-divisions ainsi que des spécialisations au sein de chacune d’entre elles. Au même titre qu’on ne saurait confondre un magistrat du parquet qui prend des réquisitions avec un magistrat du siège qui rend des décisions, le quotidien d’un avocat différera sensiblement selon la matière qu’il pratique.
C’est la raison pour laquelle l’étudiant en droit doit avoir la possibilité de faire un choix éclairé. Il convient en effet de se faire une idée par soi-même et de ne pas se satisfaire de simples retours d’expérience, que ce soit de la part d’étudiants d’anciennes promos ou d’avocats expérimentés. Pour pouvoir s’orienter en connaissance de cause, il est essentiel de faire très tôt et autant que possible des stages dans les différents domaines susceptibles d’intéresser l’étudiant prétendant exercer la profession d’avocat. Non seulement le quotidien d’un avocat spécialisé en fusions-acquisitions n’a pas grand chose à voir avec celui d’un confrère pénaliste par exemple mais ces deux métiers requièrent des compétences relativement différentes qui touchent bien souvent aux traits essentiels de la personnalité de chacun. C’est pour cette raison que je ne cesse de recommander aux étudiants de se faire une idée le plus tôt possible par eux-mêmes afin de ne pas se laisser enfermer dans une spécialisation qui ne leur conviendrait pas.
Non seulement le stage permet de tester différents types d’activités et de structures d’exercice mais il donnera l’opportunité à l’étudiant de se familiariser avec les premiers rudiments du métier. En effet, effectuer des recherches juridiques, construire un syllogisme et appliquer ledit raisonnement aux faits de l’espèce afin de déterminer la stratégie à mener lui seront nécessaires quelle que soit la spécialisation qu’il choisira in fine d’exercer. Or, comme pour l’apprentissage d’une langue étrangère ou d’un sport, plus on commence tôt, plus c’est facile !
A ce titre, il ne me paraît pas souhaitable de se spécialiser trop tôt car il faut être capable d’avoir une vision d’ensemble pour pouvoir conseiller utilement un client. Un même dossier a en effet bien souvent plusieurs volets si bien que, même si le sujet principal a trait au droit des sociétés ou au droit des contrats, il est très fréquent qu’il comprenne des questions annexes en matière de droit social ou de propriété intellectuelle par exemple. Il est dès lors qu’essentiel de savoir les détecter afin d’encadrer le risque juridique que cela comporte avec l’assistance au besoin d’un confrère exerçant dans le domaine concerné.
Certains cabinets anglo-saxons privilégient d’ailleurs cette approche pluridisciplinaire en imposant aux jeunes collaborateurs d’exercer au sein de différents départements avant d’intégrer définitivement l’un d’entre eux. C’est peut être – une fois n’est pas coutume – une tradition venant d’outre-Manche dont il serait bon de s’inspirer pour former au mieux les futurs praticiens du droit napoléonien !
Par Augustin Doulcet
Avocat au Barreau de Paris
Associé du cabinet LEXE ASSOCIES