Confiance et contrat semblent appartenir à deux champs d’analyse différents. Entendue comme l’espérance ferme que l’on place en quelqu’un, en quelque chose, comme la certitude de la loyauté d’autrui, la confiance est une notion évanescente, plus aisée à percevoir qu’à décrire, à ressentir qu’à exprimer. Son champ est celui du sentiment humain : propre à chaque individu, elle est mouvante voire versatile. Elle relèverait ainsi du « nondroit », notion développée par Jean Carbonnier, afin de décrire le champ des rapports humains échappant au droit. D’un point de vue de sociologie juridique, le « non-droit » renvoie aux situations d’absence ou de retrait du droit là où il aurait dû trouver à s’appliquer : la confiance, trop insaisissable, ne ressortirait pas du champ de l’analyse juridique, mais serait au contraire un facteur qui conduit à écarter la règle de droit. Pour illustrer son propos, l’auteur cite l’exemple de la relation d’amitié (article 1348 du Code civil), qui crée une impossibilité morale de se ménager une preuve écrite : là où règne la confiance… Pourtant, n’est-ce pas là reconnaître, juridiquement, une prise en compte de la confiance ?
Université Paris II Panthéon-Assas