Le 2 mai dernier, lors de la rencontre Real Madrid – FC Barcelone, l’attaquant camerounais Samuel Eto’o a été la cible d’insultes racistes par le public madrilène : un incident de plus qui nous montre que les stades de football sont devenus des exutoires aux débordements racistes, dans le football amateur comme international, à l’étranger comme en France. Tandis que les initiatives tendant à débarrasser le football du racisme, ne manquent pas, qu’en est-il concrètement des sanctions prévues par la loi.
En mai 2007, le Président de la Fédération Française de Football (FFF), Jean-Pierre Escalettes, avait proposé à Pascal Boniface, Directeur de l’Institut des Relations Internationales et Stratégiques, de créer une commission indépendante afin de réfléchir à la place et au rôle du football dans la société, et proposer des recommandations. De son côté, l’UEFA (Union of European Football Associations) a renforcé sa lutte contre le racisme et soutient activement les campagnes pour l’éradication de ce fléau dans le football. De plus, l’UEFA a noué une relation étroite avec le réseau « Football Contre le Racisme en Europe » (FARE) qui rassemble des groupes et des associations qui combattent l’intolérance et la discrimination partout sur le continent.
Plus récemment, le 2 février dernier, le colloque « Football professionnel, racisme et engagement citoyen » s’est tenu à Paris à l’Assemblée nationale, à l’initiative du syndicat des présidents de clubs (UCPF) et de la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) afin de faire le point sur la lutte contre le racisme dans le football professionnel. Les deux organisations ont fini par annoncer une série de mesures concrètes comme la poursuite du travail de sensibilisation et d’éducation auprès des jeunes footballeurs (interventions dans les centres de formation des clubs de Ligue 1 et Ligue 2, réédition du livret sur les valeurs républicaines, mise en place d’un module d’instruction civique dans le cursus de formation des jeunes footballeurs). De plus, les deux organisations ont décidé de développer les messages d’information vis-à-vis des supporters et du grand public sur les sanctions existantes et les moyens de défense des victimes. Enfin, un soutien sera apporté aux dirigeants de club grâce à la réalisation de fiches pratiques pour répondre concrètement aux incidents racistes auxquels ces derniers sont confrontés.
Cependant, en dehors de ces initiatives, concrètement, que prévoit la loi pour sanctionner de tels agissements. Que risquent les supporters, les joueurs ou même encore les clubs de football en cas de débordements – racistes ou autres ?
Ce que risque un supporter violent ou raciste
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Un supporter violent ou raciste peut être interdit de stade pendant un maximum de trois mois. En effet, le préfet peut prononcer une interdiction dite « administrative », en vertu de la loi du 23 janvier 2006 (article L 332-16 du code du sport).
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D’autre part, il peut être puni d’un an d’emprisonnement et de 15.000 d’amende, d’après les articles L 332-6 et 7 du code du sport qui punissent toute incitation à la haine ou à la violence ainsi que le fait d’introduire, de porter ou d’exhiber des signes ou symboles rappelant une idéologie raciste ou xénophobe.
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Enfin, une interdiction de stade de cinq ans est prévue par le législateur, mais elle ne concerne que les auteurs de délit en relation avec une manifestation sportive (la loi n° 93-1282 du 6 décembre 1993 relative à la sécurité des manifestations sportives, article L. 332-11 du code du sport). Elle peut, en théorie, s’appliquer au seul fait de prononcer des injures racistes, mais cela n’est encore jamais arrivé.
Ce que risque le club du supporter violent ou raciste ?
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Depuis 2004, le club du supporter violent ou raciste risque de se voir imposer par la Ligue de football professionnel (LFP) la dispute d’un match à huit clos lors d’une rencontre à domicile. Ce qui représente un manque à gagner évident pour le club, qui ne pourra engranger aucune recette sur ce match. À titre d’exemple, en avril, la Cour de justice fédérale a confirmé en appel le match à huis clos infligé à la Juventus de Turin après les chants et cris racistes qui avaient visé le jeune attaquant de l’Inter Milan Mario Balotelli, un footballeur italien … Noir !
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Par ailleurs, le club risque de se faire retirer des points au classement par la même LFP. Ce qui, pour certain club, pourrait être ressenti comme la pire des sanctions ! Elle l’a fait pour la première fois en Europe, en octobre 2007 en retirant un point au club de Bastia en ligue 2, pour le comportement raciste de certains de ses supporters à l’encontre de Boubacar Kébé.
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Enfin le club risque également de se voir infliger une amende en cas de comportements violents, de fumigènes et jets de projectiles ; un montant qui a été doublé en 2003 par le conseil d’administration de la LFP. Par exemple, pour le match entre l’Olympique de Marseille et le Paris Saint Germain du 17 février 2008, l’OM a écopé d’une amende de 25.000 € et le PSG de 4.500 €, pour jets de fumigènes par des supporters.
Il est désolant de constater qu’un problème de société aussi grave que le racisme, trouve des manifestations au sein des stades de football. Peut-être faudrait-il rappeler que c’est une équipe de France dite « black, blanc, beurre » qui nous a fait gagner la coupe du monde de football en 1998 …
Loubna Zrari
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