Synthèse de la conférence
L’avenir des professions juridiques et des étudiants en Droit
En présence de Jean-Michel Darrois, organisée par Le Petit Juriste
Pour la première fois, Le Petit Juriste a organisé une grande conférence sur un thème d’actualité juridique. Pour celles et ceux qui n’ont pu y assister, voici un résumé des débats et du déroulement de cette conférence.
La grande conférence sur l’avenir des professions juridiques et des étudiants en droit s’est déroulée le jeudi 14 mai 2009 au centre Assas de l’université Paris II. En présence de nombreuses personnalités (Me Darrois auteur du rapport pour une grande profession du droit, M. Vogel, président de l’université, Me Grimaldi et M. Truchet, professeurs des universités) ainsi que des juristes (dont la présidente de la FEDJF) et des avocats. La tâche était ardue pour le journal Le Petit Juriste : présenter en un peu plus de deux heures les propositions de la commission Darrois, en décrire les enjeux et laisser aux participants le soin d’en débattre. Une conférence en « table ronde » où chacun a pu s’exprimer. Plusieurs étudiants ont pu également poser quelques questions à la fin de la conférence.
La conférence a débuté à 20h20 devant environ 500 étudiants de diverses universités. Plusieurs professionnels du droit étaient également présents.
De nombreux étudiants et professionnels étaient présents lors de la conférence
Voici un bref résumé donc un des points abordés lors de la conférence et les interventions des participants (pour lire la liste des intervenants en cliquant ici).
Me Darrois a commencé la conférence par un descriptif du travail de la commission qu’il a présidée (voir le rapport de la commission Darrois en cliquant ici). En établissant qu’il existait en France de trop nombreuses professions juridiques et que les juristes n’occupaient pas une place suffisamment importante, la commission Darrois a tenté d’effectuer de nombreuses propositions réalisables et pragmatiques (vous pouvez d’ailleurs retrouver l’article du Petit Juriste sur les travaux de la commission Darrois sur ce lien. Me Darrois a alors décrit l’objectif poursuivi par les membres de sa commission ainsi que les difficultés auxquelles elle s’est heurtée.
Maitre Darrois écouté attentivement par les autres intervenants
Jean-Michel Darrois a ensuite insisté sur les problèmes que posent le corporatisme et le juridisme. Toutes les professions essaient de préserver leurs avantages, voire de « grapiller » dans la part du voisin. Juridisme au sens où ils savent très bien défendre leur particularisme et leur branche.
Enfin, le but ultime de la commission Darrois a été pointé : moderniser les professions, améliorer la qualité de leurs prestations et la perception que les clients ont de ces professions. La collaboration entre les professions est la proposition la plus importante. Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire que les polémiques inutiles cessent : le rapprochement entre avocats et experts comptables prôné par le rapport en est un exemple.
Me Darrois répondit en démontrant que l’enjeu se porte plus sur l’importance du droit dans notre société. En accroissant le rôle du droit, on apporte une réponse conceptuelle, mais nécessaire. Suite aux craintes exprimées par la présidente du FEDJF quant à la fusion des professions d’avocat et de conseiller en propriété intellectuelle, Monsieur Darrois a appuyé la nécessité d’accroître l’importance du droit dans la société afin de répondre aux besoins professionnels des diplômés de Master 2. Monsieur Darrois a signalé la disparité au sein de la profession d’avocat en précisant que les 2/3 des avocats ont un revenu annuel égal ou inférieur à 50 000 euros. Les conseillers en Propriété Intellectuelle s’exportent en raison de meilleures rémunérations offertes à l’étranger. Afin de remédier à cette situation, la Commission est favorable à une fusion de la profession avec celle d’avocat. Faire entrer les avocats dans les entreprises permettrait une meilleure prise en considération du droit dans ces entreprises.
Me Darrois s’est efforcé de répondre à chaque question des étudiants et des intervenants
Monsieur Truchet a précisé que malgré une démarche différente, les missions du groupe Truchet et de la Commission Darrois sont identiques, c’est-à-dire répondre aux besoins du droit en refondant profondément les études juridiques. Pour Monsieur Truchet, le droit est l’art du choix corrélé à d’autres éléments tels que ceux comptables, techniques et politiques. Un universitaire doit être un juriste qui enseigne et non un chercheur qui fait du droit. La recherche est indispensable mais doit couvrir l’application du théorique. Monsieur Truchet est contre la suppression du Conseil National du Droit.
Adrien Chaltiel (président du Petit Juriste), M. Gaudel (directeur du DJCE de Nancy) et Me Bélot (avocat au barreau de Paris)
Maître Bélot a mis en évidence la priorité de professionnaliser l’université et l’utilité de permettre aux étudiants de travailler dès les niveaux Bac +4 et Bac +5. L’introduction d’une première approche du droit au lycée serait un outil pour permettre aux lycéens de découvrir la matière avant l’université. Les écoles professionnelles de droit sont susceptibles de galvauder le principe de l’université en revenant d’une certaine manière au concept des grandes écoles. La formation universitaire doit s’ouvrir à des matières de sciences économiques.
Monsieur Vogel s’est prononcé contre les écoles professionnelles de droit qui remettent en cause l’année de Master 2, année qui permet une spécialisation approfondie et qui constitue l’atout principal des universités. De plus, les universités ont un meilleur attrait à l’étranger.
Monsieur Grimaldi a rappelé la grande tradition juridique rattachée à la France et fait part des propositions du rapport Darrois qui inquiètent les professionnels du droit telles que la fusion notaire-avocat ou l’acte notarié. Le point clef de l’enseignement universitaire doit aujourd’hui être l’ouverture sur l’étranger et non la pluridisciplinarité.
M. le professeur Grimaldi, M. le professeur Truchet et Me Jean-Michel Darrois
Interrogé par un étudiant sur le statut précis des écoles professionnelles de droit, Monsieur Darrois a souligné l’accord unanime des professionnels sur l’obligation de modifier l’enseignement juridique. Les écoles professionnelles de droit seraient rattachées à l’université et travailleraient en collaboration avec les professionnels. Les formations juridiques françaises doivent mettre l’accent sur la faculté de s’exporter pour gagner en valeur économique, faculté rarement rencontrée actuellement au sein des cabinets français.
Plusieurs étudiants ont ensuite posé des questions aux différents intervenants : Que pensez-vous de l’autonomie des universités ? J’aimerais devenir notaire, est-ce un bon choix ? Que pensez-vous de la sélection à l’université ?
La première grande conférence organisée par le journal Le Petit Juriste (avec l’aide de nombreux partenaires) marque un point de départ dans le futur proche de l’association. Tout d’abord, plusieurs conférences seront organisées (présence de personnalités, débat d’actualité juridique et économique) : vous pourrez les retrouver sur ce lien
L’organisation d’évènement en périphérie de la publication du Petit Juriste démontre la volonté des membres de l’association de diversifier ses services. L’organisation de réunions d’information pour les étudiants (dans des cabinets d’avocats, des offices notariales, des entreprises…), et bien d’autres services seront possibles et ouverts à tous les étudiants dés la rentrée 2009.
Nous espérons répondre à toutes vos attentes et vous proposer toujours de nouvelles manières de voir la science juridique !
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