Entretien avec un chargé de TD en droit public

Les chargés de travaux dirigés restent un véritable mythe pour les étudiants en droit. Si certains sont adulés de leurs étudiants, d’autres sont réputés pour semer la terreur. Une chose est sure chaque étudiant rencontrera un chargé de travaux dirigés qui le marquera à vie. Mais savez-vous en quoi consiste réellement le métier de chargé de travaux dirigés ?

Aujourd’hui, la rédaction du Petit Juriste vous donne rendez-vous avec Jean de Saint Sernin, chargé de travaux dirigés en droit public à l’université Paris II Panthéon-Assas et à l’université Paris Ouest Nanterre La Défense. Il prépare parallèlement une thèse sur le sujet‘’ Système majoritaire et bicamérisme sous la Ve République’’.

 

Le Petit Juriste : Commimmsent devient-on chargé de Travaux Dirigés ?

Les chargés de Travaux Dirigés sont pour la majorité d’entre eux, des étudiants en préparation d’un doctorat, docteurs ou titulaires d’un diplôme de second cycle universitaire. L’inscription en doctorat peut conduire au financement des études de recherche et auquel cas, permettre la dispense d’enseignement dirigés (doctorant contractuel ou ATER). Les chargés de TD en préparation d’un doctorat et dont la thèse n’a pas fait l’objet de financement ou les salariés peuvent également obtenir un statut dit de « vacation » et effectuer des travaux dirigés. Dans les deux cas, les chargés de TD sont placés sous la responsabilité d’un enseignant dispensant les enseignements magistraux, dont le recrutement et les modalités d’évaluation des compétences du candidat sont laissés à leur discrétion.

Le Petit Juriste : Pourquoi avez-vous choisi le droit public ?

Mon intérêt et ma spécialisation en droit public interne ont commencé très tôt avec la découverte du droit constitutionnel, puis successivement du droit administratif et des libertés fondamentales. Les années de M1 et de M2 m’ont permis d’appréhender ces disciplines d’un point de vue plus technique et contentieux, ce qui a confirmé l’attrait théorique que je portais prématurément à ces matières. Ce choix est étroitement lié à mes enseignants qui ont su par leur écoute, leur pédagogie et leurs compétences, éveiller ma curiosité pour les matières du droit public.

Le Petit Juriste : Les chargés de travaux dirigés passent-ils leur temps libre à corriger des copies et à préparer des séances de travaux dirigés ?

La préparation des enseignements a pour corollaire leur dispense et l’évaluation des élèves mais cela n’est que la partie « émergée de l’iceberg ». Rares sont les chargés de TD qui exercent seulement des activités d’enseignement. Les doctorants consacrent généralement une partie de ce temps libre à la rédaction de la thèse, l’écriture d’articles, l’organisation de séminaires ou colloque. Il est important de dissocier le temps professionnel du temps personnel. Pour ma part, je consacre mon temps libre à cultiver les passions que j’ai en dehors du droit (la littérature, le sport, le cinéma, la musique ou le repos tous simplement !) sans oublier de profiter de ma famille et de mes amis en somme des activités « extra-enseignantes » et « extra-juridiques ».

J’ai donc une vie en dehors de mon poste de chargé de TD.

Le Petit Juriste : Comment se sont déroulées vos études dans le droit?

Mes études juridiques ont été à la fois laborieuses et enrichissantes. J’ai toujours travaillé consciencieusement et assidument mes cours d’amphithéâtre et mes TD. Cependant,  j’ai  compris  un  peu  tardivement  que l’appréhension  du  droit  ne résidait  pas uniquement dans son apprentissage mais aussi dans la méthodologie. J’ai redoublé ma Licence 2 à raison d’un travail encore trop scolaire basé sur le « par cœur » et une idée erronée de l’importance de la méthodologie. Mon redoublement a été productif car j’ai pu saisir les données du problème et les corriger en travaillant la réflexion, l’argumentation et le développement des idées en vue de la résolution des problèmes juridiques. Ma Licence 3, mon Master 1 et 2 ont été beaucoup plus enrichissant intellectuellement, car j’ai pu choisir les matières que j’affectionnais et laisser de côté celles qui ne m’épanouissais pas.

Le Petit Juriste : Quels conseils donneriez-vous aux élèves qui font face à des difficultés?

Les étudiants doivent bannir de leur esprit dès la Licence 1 que le droit fonctionne sur le rabâchage et l’apprentissage mécanique. Ils doivent très tôt apprendre à poser des problèmes sur les thèmes abordés en Travaux Dirigés.

Le Petit Juriste : Comment s’épanouir dans ses études de droit ?

Le système universitaire permet (heureusement) une certaine forme d’épanouissement avec la faiblesse horaires des enseignements magistraux, l’allongement des congés et la faculté du suivi des cours magistraux. L’épanouissement passe par une bonne organisation du travail et l’aptitude à faire la part des choses entre les contraintes universitaires et la vie personnelle. Personnellement, je travaillais assidument l’ensemble de la semaine puisque j’avais mes enseignements magistraux et mes TD et le week-end était consacré à des activités « extra-juridiques ». Le droit occupe rapidement une part importante de l’agenda voir de la psychologie de l’étudiant, aussi il convient de ne pas négliger les activités culturelles ou sportives et ne pas s’interdire d’autre curiosité intellectuelle que le droit peut vous dissuader de poursuivre ou de découvrir.

Le Petit Juriste : Quelle est la suite après un poste de chargé de travaux dirigés ?

Tout dépend en réalité du statut de l’enseignant. Les étudiants en préparation de doctorat et dont la thèse est financée, se tournent généralement vers une carrière d’enseignant chercheur. Toutefois et plus fréquemment qu’auparavant, beaucoup de chargé de TD une fois leur thèse soutenue se tournent vers la magistrature, le métier d’avocat, les métiers de l’entreprise ou encore les concours de la fonction publique. Les étudiants diplômés et salariés exercent généralement déjà une activité. Les enseignements dirigés sont réalisés à titre accessoire à une activité principale salariée. L’enseignement n’est donc pas pour eux un aboutissement mais le prolongement d’une situation professionnelle déjà acquise.

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