Evoquer en quelques lignes l’oeuvre et la carrière de Michel Germain relève de la prouesse car ce juriste fait partie de la catégorie rare des très grands, ceux qui s’imposent naturellement et sans la moindre affectation par une modestie confondante. Il importe donc d’éviter l’emphase des mots ou l’excès du propos et de raconter en toute simplicité le chemin d’un universitaire inspiré.
Après Nancy où le Doyen Roblot et quelques autres éminents anciens lui ouvrent les portes de la connaissance, le voici jeune agrégé à Besançon dont il marque la Faculté par un décanat florissant avant de rejoindre Dijon, ville qui lui est chère, puis Paris.
Le chercheur trace sa voie, celle de la réflexion fondamentale comme celle de son application ; heureuse conjonction qui s’exprime, entre autres succès, aussi bien dans la collection pratique d’experts sur l’environnement juridique, fiscal et social des dirigeants de sociétés que dans la poursuite de l’imposant traité de Ripert et Roblot.
Inutile d’égrener les autres succès. La méthode est en place et réussit. L’analyse sociologique du droit et l’approche en profondeur du droit des affaires le conduisent à développer les collaborations avec les spécialistes de la gestion.
A Panthéon-Assas, le résultat est impressionnant. En complément des directions du Magistère DJCE et de l’Institut du droit des affaires, il crée avec son collègue gestionnaire et juriste, Jérôme Duval-Hamel, l’Ecole de droit et management de Paris.
Et quelle Ecole!
Ils réussissent à y rassembler universitaires, entreprises de premier plan, la profession des juristes d’entreprise, l’AFJE et deux disciplines conjuguées: le droit et la gestion.
En deux ans, des diplômes novateurs sont créés et lancés: le M2/MBA de droit des affaires et de management-gestion suivi un an plus tard par ses versions “executive” puis un programme e-learning, leader en francophonie.
Ces diplômes vont être plébiscités par la profession, la presse spécialisée et l’Agence nationale d’évaluation de l’enseignement supérieur. Ces diplômes bi-disciplinaires à l’ingénierie révolutionnaire, mêlant junior entreprises pilotées par des dirigeants du CAC 40 avec un an d’apprentissage dans des entreprises et cabinets de renom, deviennent, dans leurs disciplines, dans des classements d’agences d’évaluation les premiers en France et, en Europe, les second et troisième après Oxford et devant Cambridge. Et tout cela dans le souci du service public.
Comment peut-on démontrer de façon plus éclatante que les voies du succès de l’enseignement et de la recherche universitaires ne sont ouvertes qu’à celles et ceux qui comprennent que la pensée juridique, y compris dans la réflexion fondamentale, ne s’exprime utilement, dans son contexte humain, social, financier et économique, que par une étroite symbiose entre les chercheurs et les praticiens de toutes ces disciplines ?
Que ceux qui doutent de la pertinence de la méthode prennent garde ! Lorsqu’ils auront exprimé leurs belles certitudes pour opposer la recherche fondamentale à son application, Michel Germain, qui aura eu la naturelle courtoisie de les écouter en silence dans une attentive concentration, va leur poser, d’une voie douce, LA question qui les laissera sans voix !
Ainsi s’expriment les plus grands quand ils sont naturellement modestes.
Président honoraire de la Chambre économique, commerciale et financière de la Cour de cassation, Professeur et Doyen honoraires de la Faculté de droit de Dijon, membre du Conseil de direction d’UNIDROIT (ONU), Coprésident de la Web TV en management et droit des entreprises TVDMA, Président de l’association françaises des docteurs en droit